Du 12 au 17 novembre 2007
Du continent, Malik a pris son premier ferry pour atteindre Ko Chang. Juste le temps de déguster une glace. Nous prenons une camionnette-taxi pour rejoindre le sud-ouest de l’île à la recherche d’un bungalow où l’on pourrait se poser une dizaine de jours (au moins). Manque de bol, une pluie torrentielle s’abat quelques minutes à peine après notre arrivée. Farida est convaincue que le sort s’acharne sur nous. C’est vrai qu’à part des vacances en Toscane, la plupart des voyages que nous avons faits ensemble ont eu pour point commun de grosses averses, voire des cyclones. Un petit « O Du, goldige Sünneli » devrait conjurer le sort. N’empêche, nous traversons les ¾ de l’île pour ne trouver qu’un complexe de bungalows archi plein. Remontée vers le nord, trempés jusqu’à la culotte où nous échouons dans un bungalow minuscule mais très classe. Pour le paysage et la mer, nous attendrons le lendemain… Si la pluie veut bien s’en aller.
La chansonnette de Farida a fait son effet. Nous nous réveillons sous un soleil de plomb pour découvrir une magnifique baie aux plages de sable blanc et à la mer émeraude. Petits cafés sur la plage, gens souriants. Depuis notre bungalow, la vue est incroyable. Nous prenons le petit déjeuner sur des terrasses à pilotis construites sur une mangrove. Au loin, quelques petites îles et l’océan à perte de vue.
L’envers du décor maintenant. Ko Chang vit un boom touristique effrayant. Ce n’est pas l’île de la tentation mais de la construction. Nous n’avons jamais vu un tel chantier (même pas la chambre de Farida). Partout, de nouveaux hôtels sortent de terre. Et le premier bungalow à peine terminé, il est mis en location. Ce qui signifie que la plupart des gens loge dans des complexes en plein chantier.
Autre déception, et non des moindres, des dizaines de méduses s’échouent chaque jour sur « notre » plage. Nous nous renseignons pour savoir si elles sont dangereuses. Oui et non sont les réponses les plus courantes. Superrrrr. Nous apprenons que ces charmantes bestioles gluantes sont attirées par les détritus charriés vers la mer depuis les grands hôtels du littoral. Baignade à haut risque, d’où répartition des tâches : deux qui s’amusent et un troisième qui guette.
Malik s’est donné pour mission de « ramasser » la mer, ce qui signifie semble-t-il, jeter des cailloux à toutes heures dans la mangrove au risque de se rompre le cou sur les rochers. Las de le surveiller sans arrêt, nous décidons de changer de nid. Se rapprocher de la plage serait un avantage non négligeable. Payer la chambre un peu moins cher aussi.
On se déplace de, ô bien 100 mètres, pour débarquer au Coconut Resort, grand complexe de bungalows tenu par une équipe de shemale (enfin, on n’a pas vérifié si elles avaient toujours leurs coconuts) fort mignonnes qui nous font un excellent rabais si on reste 9 jours. Chouette.
Très grande chambre, frigo, télé, salle de bain avec eau chaude. Et la vue. Quelle vue… sur le chantier des nouveaux bungalows où une dizaine de Thaïs s’échinent 12 heures par jour alors qu’on se dore la pilule sur la plage (aux méduses, quand même !).
Après quelques jours, las d’entrer dans l’eau comme un mec entrerait dans une toilette turque la nuit, sans lumière et sachant qu’une dizaine de victimes de la tourista est passée avant lui, nous prenons un taxi pour descendre dans le sud de l’île, histoire de voir si l’eau y est aussi grouillante. Ben non. Les bestioles ont choisi de se donner rendez-vous sur « notre » plage. En plus Pierre nous dégotte un super bungalow avec vue sur la mer.
Gonflés à bloc, nous décidons de tenter le tout pour le tout : aller pleurnicher chez Mignonnette. La question se pose : qui de nous deux sera le plus apte à l’émouvoir ? Malik servant évidemment d’argument. Décision prise, c’est Farida qui s’y colle. Sourire charmant (quoique toujours aussi asymétrique) et mine désespérée : « Sur cette plage, avec Malik, c’est trop dangereux pour se baigner, c’est pas que votre bungalow soit pas vraiment super, mais au sud, on a trouvé une mer sans risque, alors sorry, sorry to disturb you, mais il faut absolument qu’on se casse ce soir. Is it possible to have notre fric back… ? » Evidemment, rien n’y fait et, malgré toutes les caresses et les câlins dont Mistinguette gratifie Farida pour exprimer toute sa sollicitude (give me a hug, baby), nous voici contraints de faire notre temps ici. Pierre a quand même décidé qu’il piquerait 2-3 rouleaux de PQ avant le départ, histoire de se venger. Héhé.
Un verre de yogourt frappé et une petite douche plus tard plus tard, on savoure à nouveau « notre » plage : petite balade au clair de lune, soupe au lait de coco et rouleaux de printemps ont tôt fait de nous rasséréner. La gargote est charmante, une petite bande de frères Thaïs tentent d’amadouer Malik, en lui pinçotant les joues. On fait de la balançoire au-dessus de l’eau et on joue à s’attraper… Quel pied !
PS : Au réveil, le lendemain…les méduses semblent bel et bien avoir déserté « notre » plage… en tout cas pour l’instant :)